Un nouveau regard Ivan Cavallari

La nouvelle saison des Grands Ballets Canadiens promet d’être mémorable à plusieurs égards. Tout d’abord la célèbre troupe s’installe enfin au centre-ville dans le nouvel Édifice Wilder Espace Danse et surtout par l’arrivée d’un nouveau directeur artistique Ivan Cavallari. Originaire d’Italie, cet ancien danseur étoile du ballet de Stuttgart formé à l’école du ballet de la Scala de Milan et au Bolchoï Ballet de Moscou arrive à Montréal avec la volonté de partager sa passion pour la danse.

Quand on regarde votre parcours, vous avez étudié à Moscou, travaillé à Stuttgart, également à Perth pour le West Australian et juste avant Montréal à Mulhouse pour le Ballet National du Rhin. Vous semblez n’avoir jamais eu peur d’aller travailler ailleurs comme danseur ou comme directeur ?

Le courage je l’ai toujours eu ! Je n’ai jamais manqué de courage, c’est la chance que j’ai eue. Pour moi, c’est important de comprendre les situations pour mieux les combattre par la suite. Ce qui m’inquiète c’est de basculer vers l’inconnu. Je n’ai jamais eu de regret de quitter une ville ou un travail, car il y a comme un instinct, une sonnette qui vous dit qu’il est temps de tourner la page. J’ai toujours eu la chance d’avoir une vraie prise de conscience. Par exemple en 2000, celle de vouloir explorer autre chose que la carrière de danseur. Je suis allé voir mon directeur et je lui ai dit que je cesserais la danse à la fin de l’année. C’était une décision claire.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de quitter le Ballet National du Rhin pour venir aux Grands Ballets Canadiens ?

Pour être sincère, j’avais une certaine frustration au Ballet National avec l’impression d’avoir toujours à me battre autant pour mes idées que pour les danseurs. C’est le chorégraphe allemand Stephan Thoss qui un jour m’a fait part que les Grands Ballets cherchaient un nouveau directeur. Dans l’heure qui a suivi, mon ancien directeur du Ballet de Perth m’envoie un courriel pour me demander si je voulais être appuyé auprès du comité de recherche des Grands Ballets. J’ai répondu 3 mots : Oui ! Oui ! Oui ! Le lendemain, j’étais contacté par le comité de recherche…

Quelle était l’idée de départ pour cette première saison avec les Grands Ballets Canadiens ?

Une chose certaine c’est que je voulais de la créativité pour pouvoir développer un dialogue avec les danseurs, car dans ce processus il y a toujours quelque chose d’intéressant qui se passe. J’aime bien aussi raconter des histoires voilà pourquoi j’ai fait appel pour terminer la saison à De Annabelle Lopez Ochoa avec Vendetta, Storie di Mafia, car c’est aussi une autre façon d’utiliser le corps. J’ai eu aussi de très belles rencontres dans ma vie de directeurs et de danseurs c’est pourquoi j’ai fait appel à Bridget Breiner qui revisite L’Oiseau de Feu et Étienne Béchard qui offre sa vision du Sacre du Printemps. Pour commencer la saison, je voulais quelque chose de plus sur avec la 7e symphonie de Beethoven chorégraphié par Uwe Scholz qui fait une entrée au répertoire des Grands Ballets. C’est un ballet qui fait travailler le corps et la musicalité. C’est la technique classique, mais en même temps c’est un bonheur pour le public, car on arrive à bien entendre la musique à travers cette chorégraphie brillante. Le Stabat Mater avec la musique de Pergolèse est aussi un travail très profond d’un chorégraphe que j’admire Edward Clug je voulais commencer avec une pièce existante pour qu’il puisse découvrir les danseurs et par la suite on va le retrouver dans les saisons qui suivent comme créateur.

D’où vient cette passion pour la danse ?

Je ne peux pas dire que c’était un choix, car c’était en moi et je ne peux expliquer pourquoi. Mais je me rappelle que je disais je veux devenir danseur à mes parents et je n’avais jamais vu de ballet. Ma mère se rappelle qu’un jour j’étais devant la télévision et il y avait Noureev qui dansait avec Carla Fracci le ballet Giselle. J’ai regardé tout le ballet et j’étais très jeune, je devais avoir 6 ans.

Mon père a dit à ma mère qu’est-ce qu’il va devenir celui-là ? Car il n’était pas normal qu’un enfant reste concentré si longtemps devant un ballet romantique. Par la suite, dans le couloir de la maison je laissais la lumière allumée et je faisais de grands jetés pour traverser le faisceau de lumière. C’est ainsi qu’est née ma folie.

Quel est votre rêve avec cette compagnie ?

Mon rêve de réunir la compagnie à la ville. D’arriver à développer un sens d’appartenance. De faire comprendre aux gens que  cette compagnie leur appartient. Si j’y arrive, je crois que je pourrais réaliser tous mes rêves.