Élégance intemporelle, Lara Fabian

Cet automne, Lara Fabian entreprend une tournée mondiale qui l’amènera des États-Unis à la Russie, en passant par la Belgique, la Suisse et la France sans oublier sa terre d’adoption, le Québec. Quel parcours pour cette femme de descendance italienne, arrivée de Belgique au début des années 1990, et qui a su, avec sa fougue et sa voix unique, gagner le cœur des Québécois! Des millions d’albums vendus, de nombreuses tournées et des milliers de spectacles n’ont pas entamé la passion et la simplicité de cette artiste qui sait aujourd’hui, plus que jamais, savourer chaque moment de la vie.

Nous nous sommes rencontrés une première fois en 1991 pour le tournage du clip « Je m’arrêterai pas de t’aimer ». Je me souviens d’une jeune femme passionnée, enthousiaste et fort sympathique. Quels souvenirs conservez-vous de vos premiers pas au Québec ?
En ce moment je suis très connectée à la source, par rapport à mes souvenirs. Si je fais ce métier, ce n’est pas par hasard : mon père et ma mère sont des amoureux de la musique : papa m’apprenait des chansons en anglais, maman chantait constamment autour de moi et le moment auquel vous faites allusion est précisément le jour où mes parents sont venus me visiter dans ce hangar du Vieux-Montréal. En ce moment ma mémoire est en phase avec cet instant où ils sont présents et où ils voient leur fille faire sa première vidéo pour un premier album que les économies d’une vie ont financé. Ça me rappelle cette transmission, ce cadeau qu’ils m’ont fait en se sacrifiant pour que leur fille puisse réaliser son rêve.

J’aime bien le nom de la tournée « 50 World Tour ». Le chiffre ne donne pas le vertige ? Il était important de le souligner ?

Le chiffre est réel ! L’assumer, c’est aussi une façon de le faire passer devant nous comme une simple étape et non une épée de Damoclès. Je vieillis comme tout le monde, mais il y a quelque chose dans mon cœur qui me dit que je ne serai jamais vieille dans le sens de la peur d’un âge ou de l’âme. Mon esprit est habité par un enthousiasme et une naïveté qui font que je ne suis pas quelqu’un qui s’inquiète de vieillir. Je vois l’âge comme un simple chiffre et non pas la définition de ce que l’on est.

Ce qui me frappe chez vous c’est votre élégance. L’élégance dans votre rapport avec les gens, mais aussi dans le choix de vos vêtements, de vos bijoux…

Ce qui me touche dans un vêtement c’est l’intemporalité. Je n’ai rien contre les tendances, mais elles sont passagères même si elles peuvent apporter beaucoup de joie et d’enthousiasme. Je préfère une veste noire d’Yves Saint Laurent, une petite robe de Dolce Gabbana ou une création de chez Montagne, car elles vont me séduire et me porter vers demain avec plus d’élégance et de raffinement, sans oublier un certain confort. Le confort est essentiel sur la scène, car le vêtement ne doit pas altérer la performance.

Je remarque aussi que vous portez très peu de bijoux, mais ils sont fort bien choisis. Vous avez d’ailleurs une superbe alliance.

C’est ma première alliance. Je me suis mariée selon des rites celtes. Dans ce rite, il y a l’alliance que l’on porte quand l’on se marie dans le cercle, et celle que l’on porte devant les hommes. J’ai donc deux alliances. Celle de diamants est un peu plus flamboyante et je la porte moins souvent en public. En faisant les rites celtiques, je me suis mariée devant les cinq éléments. D’abord dans un cercle, mon mari et moi seulement, et ensuite devant les hommes. C’est le mariage le plus ancestral, le plus ancien de l’humanité. C’est magnifique.

Est-ce que « Papillon », le titre de votre dernier album, est inspiré par les papillons que vous avez dans le ventre en voyant votre mari 

Entre autres ! (rires) Il y a de quoi, je dois le dire ! En vérité, le papillon est en lien avec ma maman et ma grand-mère. C’est le totem dont elles m’avaient affublée pour me rappeler d’être perpétuellement dans cette prise de conscience que c’est ici et maintenant que la vie se passe, pas avant, ni après. Le papillon est un insecte éphémère dans cet espace imparti. Que ferions-nous si nous ne disposions que de 24 heures, trois mois ou une semaine ? Quelque chose de différent, certainement.

Ce sentiment doit s’accentuer quand l’on voit ses parents disparaître. Vous avez perdu votre mère récemment et même si l’on s’y prépare, la douleur est toujours terrible.

C’est une douleur qui est difficile à absorber. On peut être prête à tout, sauf à ce moment. Nos mères nous préparent à tout sauf à vivre sans elles. C’est une douleur reliée à l’enfance. C’est la petite fille en moi qui a beaucoup de difficulté à combattre la peine en ce moment. L’adulte en moi arrive à se raisonner et à se dire qu’elle était tellement malade et souffrante, elle qui était une femme si belle et si brillante. Je suis ravie qu’elle ait trouvé un départ, un apaisement, mais la petite fille a encore beaucoup mal.

Avez-vous l’impression que cette nouvelle tournée sera plus intense ? Que vous allez la vivre totalement?

Oui ! Cela sera beaucoup plus intense et je crois que je vais me permettre d’amener plus souvent ma famille avec moi. Je suis très pragmatique, assez « capricorne » avec ma fille, mais cette fois-ci, avec le 50,  le départ de maman, le goût des choses et l’intensité avec laquelle je voudrais la vivre me donnent envie de déroger à certaines règles… en famille, en tribu.